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Déclaration du FOCODE sur les menaces qui pèsent sur l’Organisation ainsi que son président, Monsieur Pacifique NININAHAZWE

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Le FOCODE a observé ces trois dernières semaines la hausse des menaces qui pèsent sur cette Organisation et sur son Président Monsieur Pacifique NININAHAZWE. En effet, à la suite d’une mission de travail du Président du FOCODE à Bruxelles (où se tenait un atelier sur les enjeux sécuritaires et électoraux dans la région des grands-lacs le 5 novembre 2014), à Genève (où avait lieu l’évaluation du Burundi par le Comité contre la Torture les 11-12 novembre 2014) et à Orebro en Suède (pour une rencontre avec la diaspora burundaise), une pétition contenant des menaces directes et explicites a été lancée le 07 novembre 2014 et fait référence à ce voyage tandis que le Ministre de l’Intérieur a lancé une mise en garde contre le FOCODE et son Président dans la réunion tenue lundi le 17 novembre à l’endroit de quelques organisations de la société civile. La déclaration du Ministre s’inscrit dans une longue liste d’autres communications qu’il fait chaque fois que le FOCODE se prononce sur des questions sensibles de gouvernance. Elle s’inscrit également dans la stratégie de harcèlement des organisations de la société civile qui s’expriment sur des violations graves de droits de l’homme, sur la mauvaise gouvernance politique et sur les cas de corruption.

Face à cette situation préoccupante, le FOCODE tient à déclarer ce qui suit :

1. Le FOCODE condamne les mensonges que distille la pétition en cours de signature sur la personne de Monsieur Pacifique NININAHAZWE et sur l’Organisation FOCODE qu’il préside. Ce tissu de mensonges annonce des massacres interethniques qui auraient eu lieu au Lycée de Rutana sans préciser la période et les impute à une organisation qui a été créée plutôt pour rassembler les élèves de l’époque et casser la méfiance qui existait entre les élèves. L’organisation avait une direction multiethnique rassembleur et des témoignages des anciens de cette école ne cessent de souligner son rôle positif. Contrairement aux mensonges de cette pétition, l’organisation ORECO n’a jamais existé dans aucune autre école du Burundi. La même pétition impute au FOCODE des massacres de 1994 à l’Université du Burundi alors que l’organisation n’existe que depuis 2001 et que son président n’a été inscrit dans cette université qu’en janvier 1998.

2. Le FOCODE note la coïncidence troublante entre d’une part la pétition qui s’insurge contre la mission du Président du FOCODE en Europe ainsi que la récente déclaration du FOCODE exigeant le respect des libertés religieuses et d’autre part, la déclaration du Ministre de l’Intérieur qui s’insurge contre les déclarations du Président du FOCODE qu’il continue de taxer d’opposant politique.

3. Le FOCODE rappelle que les défenseurs de droits de l’homme ont le droit de publier des informations sur le plan aussi bien national qu’international. Ils ont également le droit d’engager avec les différents mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de droits de l’homme. Le fait de déclarer son opposition au troisième mandat du Président de la République au cours d’une conférence au Parlement Européen, le fait de communiquer des informations aux organes de traités (en l’occurrence au comité contre la torture), le fait de s’exprimer dans des médias étrangers sur le contexte politique prévalant au pays ne constituent en rien une opposition politique ni un acte d’hostilité à son pays. Les défenseurs de droits de l’homme ont le droit de poser ces actes pour éclairer l’opinion des partenaires du Burundi par une version indépendante, différente de celle du Gouvernement.

4. Le FOCODE s’inquiète de cette troisième attaque directe contre le FOCODE et son Président par les déclarations du Ministre de l’Intérieur en l’espace d’environ une année. Pour rappel, en aout 2013, le Ministre avait accusé le FOCODE et son président de « combattre le gouvernement » à la suite d’une lettre envoyée au Conseil National de la Communication pour lui demander de garantir l’accès équitable aux medias publics et de casser le monopole de la télévision nationale par le Président de la République et son parti. Le 13 novembre 2013, le Ministre a porté des accusations graves sur le FOCODE et son Président à la suite d’une déclaration sur le projet de révision de la Constitution. Plusieurs autres déclarations du même genre ont été faites soit par le Secrétaire Général du Gouvernement ou des proches du parti au pouvoir. Le 28 décembre 2013, un groupe de partis politiques proches du pouvoir ont fait une conférence de presse dans laquelle ils ont fustigé le rôle joué par le président du FOCODE dans les consultations organisées par l’Assemblée Nationale sur le projet de révision de la Constitution le 19 décembre de la même année.

5. Le FOCODE est préoccupé par les menaces sur la sécurité de la famille de Monsieur Pacifique NININAHAZWE ainsi que les multiples tentatives de lui coller des charges criminelles. En février 2014, la radio Rema FM a fait passer un témoignage impliquant MM. Pacifique NININAHAZWE et Alexis Sinduhije dans la grève des élèves de l’ETS Kamenge ; pourtant la réunion des parents des élèves de cette école tenue par le Ministre en charge de l’enseignement secondaire a sanctionné le Directeur de cette école. Le jour de la publication de cette information, une personne soupçonnée d’être un agent du Service National de Renseignement s’est introduit à la résidence du Président du FOCODE et a fait pression sur un enfant de la famille pour qu’il dévoile où se trouvait le père de famille. La même radio continue à animer plusieurs émissions « Akabirya » stigmatisant la personne du Président du FOCODE sans lui accorder une moindre minute d’explication. Ce genre de pratiques se sont multipliées toutes les semaines qu’a duré la campagne du Vendredi Vert pour la libération de Pierre Claver Mbonimpa. La pétition en cours de signature crée des crimes énormes et pourrait entrainer la vindicte populaire sur la personne de Pacifique NININAHAZWE.

6. Le FOCODE rappelle que ces menaces interviennent à six mois des élections de 2015 tout comme cela avait existé en novembre 2009 à six mois des élections de 2010. A l’époque Monsieur Pacifique NININAHAZWE, alors Délégué Général du Forum pour le Renforcement de la Société Civile FORSC, avait dû fuir le pays à la suite de menaces de mort extrêmement graves et le FORSC avait été supprimé par le Ministre de l’Intérieur une semaine seulement après la fuite de son Délégué Général.

Recommandations :

Le FOCODE demande :

1°. Au Gouvernement du Burundi de continuer à garantir les droits des défenseurs de droits de l’homme tels que stipulés dans la déclaration des Nations Unies sur les Défenseurs de Droits de l’Homme et d’assurer la sécurité de défenseurs en danger ainsi que leurs familles.

2°. A toute la famille des défenseurs de droits de l’homme de garder le courage et la solidarité dans ces moments de tension à la veille d’un processus électoral crucial.

3°. A la communauté internationale de suivre de près la situation des défenseurs de droits de l’homme au Burundi dans le contexte du processus électoral.

Fait à Bujumbura, le 24 novembre 2014

Pour le FOCODE,

Dénis NDAYISHEMEZA

Vice-Président.